Karine Solene Espineira
Ce document est extrait de la publication multiformat Déborder Bolloré. Il a été généré puis rendu accessible sur deborderbollore.fr, la plateforme hébergeant toutes les ressources autour du projet, dont cette contribution. Déborder Bolloré met en avant la pensée de chercheureuses, d’imprimeureuses, d’éditeurices et de libraires qui analysent et/ou subissent les dynamiques de concentration et d’extrême droitisation du marché. Chacun·e tente de formuler, depuis sa position respective, des réponses à cette question urgente : comment faire face au libéralisme autoritaire dans le monde du livre ?
Entretien
Pouvez-vous vous présenter et présenter votre travail ?
Je suis une personne trans qui a œuvré dans les milieux associatifs dès les années 1990, notamment avec Maud-Yeuse Thomas et Tom Reucher, avec qui nous avons fondé Existrans, la première marche trans (en 1997). En publiant les premiers essais, comme mon ouvrage de 2008 (La transidentité. De l’espace public à l’espace médiatique), ou encore les numéros des « Cahiers de la transidentité » (L’Harmattan, 2012 à 2015) qui rompaient avec les autobiographies, nous souhaitions investir le champ des savoirs, et montrer que les personnes trans vivaient dans un monde auquel elles avaient le droit d’apporter une critique — qu’elles étaient politisées, et pas uniquement centrées sur leurs questions d’hormones et d’opération. Nous nous sommes immédiatement inscrites dans les luttes féministes qui nous ont apporté énormément de choses, notamment la compréhension des discriminations et de leurs effets, mettant à jour les intersectionnalités et les coproductions, car les oppressions s’entrecroisent et se nourrissent les unes les autres (patriarcat, sexisme, ultralibéralisme, xénophobie, etc.). C’est à cet endroit-là que s’enracine mon engagement militant, que je nomme « lutter contre l’inacceptable » : il n’y a pas de luttes qui me sont fermées d’office et je ne reste pas cantonnée à la question trans.
Je suis sociologue des médias, je travaille sur la représentation des personnes trans dans les médias. J’ai fait une thèse de doctorat pour laquelle j’ai travaillé sur les archives de l’Institut national de l’audiovisuel depuis 1946. Je suis membre associée dans l’unité de recherche pluridisciplinaire Sophiapol de l’université Paris Nanterre. Mais ce sont des affiliations symboliques : je n’ai jamais réussi à obtenir un poste. Je suis une précaire de l’université, et une chercheuse engagée. Je milite pour que mon engagement pour les personnes trans ne disqualifie pas ma recherche universitaire — contre une prétendue posture d’objectivité ou d’universalisme revendiquée par l’université et qui m’empêcherait d’exposer un point de vue.
Qu’est-ce qui a motivé votre travail sur les représentations dans les médias ?
Dans les années 1990, j’ai réalisé que les personnes trans ne se reconnaissaient pas dans leurs représentations, ni même dans les invité·es des plateaux débats de la télévision. Je me suis alors posé la question : pourquoi ce décalage ? Cela a été doublé par le constat d’un sentiment de maltraitance médiatique, car les propos tenus étaient toujours négatifs. Les personnes concernées le vivaient comme une double peine : elles étaient maltraitées dans l’espace public et dans l’espace médiatique. Or comment peut-on se construire quand la télévision vous dit que vous êtes un monstre et que l’on se fout de votre gueule ? Quand on vous présente en paria, en marginal·e, et que l’on vous accole des stigmates très négatifs ? À l’inverse, on peut également poser la question : comment se construit-on dans une société où l’on a déjà une place ?
À la suite de ce constat, j’avais réalisé une première enquête de réception, pour savoir ce qu’il en était pour d’autres personnes trans. Beaucoup m’avaient expliqué qu’à cause de telle ou telle émission, elles n’avaient pas osé faire leur coming out auprès de leur famille. La représentation qui existait ne leur correspondait pas, or c’était la seule ! Elles craignaient donc d’être assimilées à cette image et d’être mal perçues par leurs proches. D’autres ont su trouver à l’étranger ce que j’appelle des « médiations », des productions véhiculant une autre image — le monde anglo-saxon notamment a su produire des contenus intéressants, même si pas mal de trash a aussi été réalisé.
C’est pour cela que j’ai eu envie de travailler sur les représentations : elles ne sont pas neutres. Elles ne font pas tout, mais elles ont des effets sur le réel et sur l’estime de soi.
Vous constatez que ces représentations ont des effets sur les politiques publiques et sur la compréhension que les auditeurices ont des vies des personnes trans. On ne peut pas quantifier les effets de telles représentations mais elles disent quelque chose de l’atmosphère politique dans laquelle nos existences sont prises, elles disent aussi quelque chose de la souveraineté du pouvoir sur les corps. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les personnes trans ont longtemps été majoritairement approchées, imaginées, considérées, sur la base de représentations construites sur leur sujet, leur préexistant comme on le voit dans le film Framing Agnes de Chase Joynt (2022) — à travers ce qu’aujourd’hui on appellerait un cis gaze. C’est un peu comme si quelqu’un·e disait qui vous êtes mais sans jamais vous avoir croisé·e, et encore moins vous avoir donné l’opportunité d’une parole libre. C’est seulement depuis une dizaine d’années que la pratique de consulter des personnes trans a commencé à se répandre. Avant cela donc, on se basait sur des idées toutes faites, des stéréotypes, des hérités culturels. Par exemple, dès les années 1970, on voit régulièrement apparaître des personnes trans dans les séries policières : elles sont dans un commissariat, au bois de Boulogne, et en général, elles meurent — c’est un schéma vraiment récurrent. Ces représentations se pérennisent, s’auto-alimentent et enfin se perpétuent. C’est ainsi que l’on aboutit à des personnages qui ne correspondent plus du tout à la réalité. La représentation médiatique est restée bloquée alors que les personnes trans, réelles, ont évolué. C’est particulièrement frappant dans la série Louis(e)1. Le personnage de Louise est totalement obsolète : c’est un personnage des années 1980, posé en 2017, qui a quasiment trente ans de retard sur la question trans !
Jusqu’aux années 2000, on assiste à un autre phénomène : il existe peu d’exemples de personnes ayant pu s’exprimer sans l’encadrement physique ou symbolique de l’autorité médicale. Dans les années 1980–1990, c’était très marqué : il y avait toujours un psychiatre sur les plateaux de débat et les talk-shows (les émissions de Jean-Luc Delarue ou de Christophe Dechavanne par exemple). Et cela a joué sur les politiques. Durant les débats qui ont conduit à la loi simplifiant le changement de sexe dans l’état civil2, on sait qu’en off, des politiques demandaient l’avis d’« expert·es » (médecins, psychiatres cisgenres) ou exprimaient l’idée que des avis du corps médical seraient judicieux par exemple. Même au stade d’un simple changement d’état civil, une expertise extérieure est réclamée et considérée comme rassurante, et bien sûr, les personnes concernées sont toujours mises de côté. Sandy Stone, dans son « Manifeste posttransexuel », mettait d’ailleurs bien en lumière, dès 1987, le fait que tout le monde avait le droit de disserter sur la question trans… sauf les trans3.
En parallèle de ces représentations, un backlash se préparait, que beaucoup font remonter à 2019, avec les premières tribunes dans Marianne et Le Figaro4. Mais pour moi, il a commencé bien avant, et l’on peut observer deux phases. Certaines idées du backlash actuel ont été posées dans les années 1970, avec par exemple Janice Raymond et son livre très violent, L’Empire transsexuel5. Puis le livre est tombé dans l’oubli, même si une partie des féministes radicales — pas toutes ! — sont restées obsédées par les personnes trans. Vers 2003, est apparu le site sisyphe.org, un site francophone publiant des textes à charge et qui pourtant n’avait rien d’anti-trans à sa création car il s’agissait de proposer « des articles sur la condition des femmes, la politique, les droits humains, les rapports de pouvoirs, les biotechnologies, la poésie, les arts, etc. ». Il a été rejoint par la plateforme tradfem6, dont le projet de départ était très alléchant : une plateforme de traduction mettant à disposition en français des textes des féminismes anglo-saxons. Mais parmi les textes traduits, nombreux sont anti-trans et alimentent sisyphe.org. Puis, en 2014–2015, est apparu un autre site, partage-le.com, dirigé par Nicolas Casaux, où l’on peut carrément retrouver une rubrique « transactivisme », terme fait partie du lexique importé des États-Unis et diffusé par les courants ultraconservateurs7. Cette alliance sur internet a travaillé doucement, sans faire de bruit, pendant une dizaine d’années. C’est seulement maintenant que cela surgit. C’est ce qui a permis, à partir de 2011, à des polémiques d’éclater : sur les manuels de SVT, puis sur le mariage pour tous (2013) — certainement celle qui a abouti au plus gros retour de bâton anti-trans —, enfin sur les ABCD de l’égalité (2014), accusés de faire la propagande de la « théorie du genre ». Quand Alain Soral8 déclare que la déconstruction du genre détruit et nuit aux repères identitaires des enfants, on est quasiment déjà dans le discours actuel de Dora Moutot, de Marguerite Stern, de Bruno Retailleau… La proposition de loi adoptée par le Sénat l’année dernière, pour fortement restreindre les transitions des jeunes personnes trans, montre que les discours et rhétoriques anti-trans ont des effets sur le politique9. La politisation de cette question, d’abord question de société puis devenue une question d’égalité des droits, est alarmante : on veut revenir sur des droits, on veut revenir en arrière.
Les médias de Bolloré ont bien préparé le terrain depuis des années et personne n’a rien vu. Enfin si — mais pour interpeller, il faut avoir du pouvoir, et pour être écouté·e, il en faut encore plus. Les effets de ces caricatures et stéréotypes peuvent aussi se mesurer sur les réseaux sociaux où s’expriment haine et désinformation, tout en montrant que certains esprits ne prennent aucun recul et ne font preuve d’aucune approche critique. On leur dit que les trans veulent transidentifier la population tel un grand remplacement des personnes cisgenres, iels le croient, sans même réaliser l’absurdité de l’affirmation.
Maud-Yeuse Thomas, chercheuse transféministe indépendante et engagée, parle de suprémacismes : du blanc sur les autres couleurs, des genres binaires sur les autres, des masculinités toxiques sur les autres, etc.
C’est très juste, car il ne s’agit pas simplement de faire valoir l’avis d’une majorité sur une minorité désignée comme subversive, mais de la bouter hors des frontières, de l’effacer. On veut mettre ces minorités dehors : hors de la culture, hors du champ politique, hors du droit et hors de l’égalité du droit. On crée des ennemi·es de l’extérieur, comme les personnes migrantes ou les cultures musulmanes, mais aussi de l’intérieur avec les LGBTQI+, les trans particulièrement, les femmes qui portent le voile, les jeunes des banlieues, les « wokes », etc. Ces multi-suprémacismes finissent par converger : masculinistes, chrétiens conservateurs, personnes d’extrême droite, malheureusement aussi certaines féministes radicales, pour un monde avec des hommes et des femmes, des mâles et des femelles, des hétérosexuel·les, que des gens qui sont utiles à la société (les autres sont des rats ou des assisté·es). Ces discours créent un monde où des personnes ne veulent plus rien d’autre qu’elles-mêmes. C’est ça le suprémacisme : on est au-delà de la hiérarchie, on veut simplement éliminer. Symboliquement ou pas, la violence existe, et cette violence nuit à l’individu.
Aux États-Unis, par exemple, quand Hunter Schafer, l’actrice de la série Euphoria, perd ses papiers, on lui renvoie des papiers d’homme. C’est de l’effacement pur et dur. Quand on veut interdire l’accès aux soins médicaux et aux opérations, que l’on veut poursuivre les parents de personnes trans en justice et même les poursuivre quand iels ont déménagé dans un autre État, on est bien au-delà de l’interdiction.
Finalement le suprémacisme s’est fait jour en désignant des « wokes » puis en créant le courant « anti-wokes », une sorte de résistance, mais c’est ça le vrai danger. Quand on voit le chemin qu’a fait Zemmour, et son impunité, c’est intolérable. Or quand Jean-Michel Aphatie rappelle une vérité historique sur ce qui a été fait durant la guerre d’Algérie, il est privé d’antenne le jour même10. Il y a quelque chose qui n’est pas juste, qui n’est pas égalitaire, qui n’est pas normal. Et cela dit vraiment quelque chose de notre monde et de notre société.
Avec du recul, comment voyez-vous l’évolution des représentations des personnes trans sur les grandes chaînes ces vingt dernières années ? Seriez-vous d’avis de dire, qu’en général, elles ont plus d’espace de visibilisation ?
Cela varie, évidemment, il y a des fluctuations, un peu comme les marées et leurs vagues. Il y a aussi des disparités selon les aires culturelles — en Espagne, par exemple, le cinéma de Pedro Almodóvar (le personnage d’Agrado dans Tout sur ma mère, 1999) a proposé des choses très différentes des représentations francophones, même si un film comme La Piel que Habito (2011) laisse perplexe et (très) mal à l’aise. Aux États-Unis, il y a parfois des audaces et des représentations de notre temps, jusque dans une simplicité parfois salutaire11, ce qui est d’autant plus étonnant vu le contexte politique depuis une décennie.
La visibilité a indéniablement augmenté en premier lieu à cause de la multiplication des chaînes. Il y a presque cent fois plus de médias qu’il y a quarante ans. Donc chaque média, au moins une fois par an — en général c’est plus — aborde le thème. C’est une première donnée qui alimente le sentiment que « l’on ne parle plus que de cela ».
La question trans s’est disséminée dans les différents genres audiovisuels. Au départ, elle était présente à travers des faits divers, puis des reportages, puis des documentaires dans les années 1980 et des apparitions dans les séries policières. Sont ensuite apparus les talk-shows et les personnes trans y ont fait leur entrée. Enfin, la téléréalité arrive avec les années 2000 ; là encore, les personnes trans y trouvent leur place. Donc multiplication des médias, multiplication des genres audiovisuels et mondialisation de ces mêmes médias, ce qui crée encore plus de sources. Mais la visibilité est à double tranchant et je me méfie de cette ambivalence. C’est évidemment très important, car tant que l’on ne parle pas d’une chose, elle n’existe pas. Si l’on ne donne pas de chiffres sur la discrimination des trans, pour les politiques, elle n’existe donc pas. Or ce qui n’existe pas, n’a pas à demander de droits. Et ce qui existe peut devenir un mouvement social — la revendication par un groupe de son existence, et donc de droits.
Mais en créant parfois des focales déformantes, cette visibilité engendre des détournements, des caricatures et des stéréotypes. Ainsi on peut avoir l’impression d’une surreprésentation de la thématique alors que dans la réalité, c’est loin d’être le cas. Christine Boutin avait déclaré que l’on ne pouvait plus regarder la télévision sans voir des gays et des lesbiennes12. Mais qui lui demande d’aller regarder ces feuilletons ? Je travaille en ce moment sur une communication sur la représentation des personnes trans dans les séries, et en compilant des extraits, c’est vrai qu’on arrive à un résultat assez impressionnant. Mais en fait, ce résultat représente quelque chose comme 0,1 % (très probablement moins encore) de la production mondiale des séries. Je me pose sincèrement la question de savoir pourquoi des personnes investissent autant de temps et d’énergie dans des choses qu’elles détestent. Selon moi, l’isolement et la focalisation sur un cas nourrit leur peur et devient une autolégitimation de leur haine.
Quels sont les rôles qui leur sont généralement donnés dans les émissions de télévision, dans les séries, les films et dans la pop culture ?
De nombreuses séries ont vu le jour ces dernières années : Star Trek: Discovery (2017) met en scène le personage de Gray Tal, interprété par Ian Alexander, un homme transgenre ; Euphoria (2019) campe le rôle de Jules Vaughn, interprétée par Hunter Schafer, etc. La constante entre elles ? Les personnes trans tiennent des rôles et elles sont également consultantes dans ces séries : on les écoute dans la construction de leur rôle, au scénario et à l’écriture. Fini les apparitions trans qui tournaient exclusivement autour de « l’avant/l’après ». Parfois, c’est même extrêmement simple : pour signifier son changement de sexe entre la saison 2 et la saison 3 d’Umbrella Academy, Elliot Page passe devant un coiffeur ; il en sort avec une nouvelle coupe de garçon et retrouve ses frères qui commencent par l’appeler Vania, qui répond : « C’est Viktor […] J’ai toujours été Viktor. [Silence] Ça dérange quelqu’un ? », et les frères acquiescent : « Non, ça me va très bien », « Oui moi aussi ! Cool. Je suis heureux pour toi Viktor ». Cette simplicité est importante : on prend acte et on passe à la suite. Dans Supergirl, c’est pareil : la question trans est presque anecdotique. Attention, cela ne veut pas dire qu’elle est traitée à la légère, ou qu’elle est secondaire, mais cela signifie que l’on n’en fait pas un douloureux problème. C’est une donnée de la vie des gens.
Ces séries sont souvent du domaine du fantastique et de la SF, elles portent des discours très actuels, s’adressent à un public jeune et sont très médiatisées. Si, comme je le disais, cela ne représente en réalité rien par rapport à la production mondiale ou à la production étasunienne de séries, ce sont de bonnes visibilités, simples et saines, parfois habilement militantes, dans le sens où elles dénoncent des injustices et retournent le problème, comme dans l’épisode 2 de la saison 1 de Sense8 où Nomi, hospitalisé, est confonté au mégenrage et à son infantalisation.
Au cinéma, les personnages trans sont souvent des hommes, mariés, pères de famille, qui décident un jour de partir et de revenir en tant que femmes ; à partir de là, l’histoire bascule. La personne trans est donc l’élément perturbateur : elle crée des problèmes, elle bouleverse l’ordre. Mais le film Une femme fantastique (Una mujer fantástica, réalisé par Sebastián Lelio, 2017), par exemple, propose, avec le personnage de Marina, une véritable approche transféministe. La focale est complètement retournée : c’est la société qui est montrée comme élément perturbateur de la vie et de l’envie d’exister des personnes trans.
À plusieurs niveaux dans la fiction et dans les représentations, il y a donc une vraie amélioration. Sur les plateaux débats, c’est plutôt un retour en arrière.
La mainmise de Vincent Bolloré sur les médias audiovisuels et papier est inquiétante car il se sert d’eux pour promouvoir son projet politique. Or Bolloré est un conservateur qui voit d’un mauvais œil les existences qui dérogent à la norme hétéro-patriarcale hégémonique. Comment cela se matérialise-t-il ?
L’idée, c’est de toujours jouer le débat, qui en fait n’en est pas un, puisque le ressort c’est de jouer sur la polémique et le scandale. Il s’agit d’une mise en question de la démocratie via le débat où le public semble être pris à témoin. Les mouvements conservateurs ont perdu la bataille du mariage pour tous mais en attendant, ils ont forgé des expressions et des discours hyper violents que les médias n’auraient jamais dû tolérer à l’époque — car cela a autorisé tout le reste. La même chose s’est passée avec Trump : il a pu dire une phrase comme « attraper les femmes par la chatte13 » et pousuivre tranquillement sa route vers la Maison-Blanche en toute impunité. Il s’est passé quelque chose de similaire en France avec les débats autour du mariage pour tous (et toutes). Ce qui m’interpelle, c’est que l’on ne devrait pas avoir à débattre de ces sujets-là. On ne débat pas sur l’existence des gays et des lesbiennes, on ne débat pas sur le droit de faire famille, sur le fait d’aimer quelqu’un·e ou de vouloir des enfants — ce sont des droits fondamentaux. On peut trouver que c’est une mauvaise idée de se marier et d’avoir des enfants, mais ça c’est autre chose. [Rires.] Le problème, c’est donc qu’a été créée l’idée que l’on pouvait débattre sur ces questions. Depuis que cela s’est installé, cela n’a fait que se renforcer.
Sur le fond, Touche pas à mon poste ! et CNews ont repris ce que Christophe Dechavanne et Jean-Luc Delarue faisaient déjà avec Ça se discute et Ciel mon mardi !. La question trans y était abordée très régulièrement, avec moult caricatures et raccourcis, construisant une transidentité qui jouait sur le spectaculaire, le « donner à voir », mais avec des figures assez sages, pas vraiment subversives. Hanouna et CNews ont franchi un cap en orchestrant des mises en débat sur l’existence même de certaines choses, voire pire, de certaines personnes. Il n’est qu’à s’intéresser aux titres de leurs débats : « Faut-il / Est-ce que c’est bien ? » Est-ce que c’est bien qu’une personne trans se présente à Miss France14 ? On met l’inacceptable en débat.
Y a-t-il des mécanismes particuliers à l’œuvre dans les discours ou la manière de filmer ?
Avec ses chroniqueur·euses, Hanouna se lâche. D’un côté, on réduit par le rire, par la moquerie — c’est ainsi que peu à peu on déshumanise. De l’autre, on joue la carte de la fausse bienveillance. Il met un peu le feu, il met un coup d’extincteur, il rallume le feu. Quand Hanouna invite Nina, une personne trans, il la tutoie et joue la carte de l’amitié. D’abord, il y a une séquence problématique autour de la sécurité sociale et des personnes trans qui creuseraient le trou de la sécu — la première à avoir lancé cette idée-là, c’était Brigitte Bardot dans les années 1980. Et iels rigolent, Nina est vraiment sans filtre. Puis il lui demande de montrer les photos d’avant sa transition15. Or cela peut vraiment produire des effets très négatifs sur d’autres personnes trans — à l’inverse, un certain nombre de personnes ne voient pas d’inconvénients à cela. Personnellement, je pense qu’il ne faut tout simplement pas aller à ce genre d’émission. La transidentité est un sujet politique, ce n’est pas un ragot à aller donner en pâture à ces gens-là, ou un sujet de bricolage. D’autant plus que dès qu’iels savent que vous êtes trans, iels vous scannent comme une chose, avec complaisance, regardent votre visage, cherchent vos traits, écoutent votre voix, regardent vos mains, vos pieds.
Derrière une fausse bienveillance, on cherche en fait à « montrer » aux Français·es les dérives et le scandale comme on parlerait des immigré·es qui bénéficient d’une couverture santé. On pointe les atteintes faites à l’ordre, l’ordre de la société, des rapports hommes-femmes, l’ordre des genres. Ces discours de la spectacularisation la plus crade se font passer pour du divertissement qui se pose les bonnes questions (la dénonciation d’un certain « wokisme »)16.
Pour orchestrer ces débats qui n’en sont pas, des expert·es sont invité·es sur les chaînes d’info et des chroniqueur·euses sont invité·es chez Cyril Hanouna. Chacun·e prétend à une expertise mais très souvent iels n’y connaissent rien et l’affirment. Iels ne connaissent rien au paradigme trans (histoire, culture, enjeux de santé et des expériences de vies trans, études trans) mais s’autorisent tous les raccourcis. Par exemple, dans une séquence consacrée à la victoire d’une athlète transgenre dans une compétion interlycées aux États-Unis (2024), Gilles Verdez (présenté comme le « woke » de l’équipe) est interrompu par Hanouna qui disqualifie tous les arguments par : « C’est n’importe quoi. […] Regarde la science. On dirait Tik Tok. » Et un autre renchérit : « Rien que le bon sens devrait t’amener à penser que si tu étais un homme, avec la musculature d’un homme, tu as un avantage certain. » La communauté scientifique débat de la question depuis plus d’une décennie et la tendance va dans le sens que les femmes transgenres ayant suivi un traitement de « suppression de testostérone ne profitent d’aucun avantage biologique net sur les femmes cisgenres dans le sport d’élite17 ». A-t-on déjà vu une femme transgenre truster des médailles aux Jeux olympiques ? Le plus souvent, à l’image de l’haltérophile néo-zélandaise Laurel Hubbard aux JO de 2020, qui échoue et se retire du sport, les athlètes trans n’écrasent pas leur discipline, mais tout cas particulier, tel un fait divers, est bon à prendre si l’on souhaite faire du sensationnel. Une certaine idée de la télévision du divertissement autorise-t-elle de tels développements ?
Le problème, c’est qu’iels parlent à des heures de grande audience. On assiste à un phénomène de popularisation de la question trans — qui est différent de la vulgarisation. Or comme pour la visibilité, il y a une ambivalence : ça existe et c’est bien, mais à la fois cela existe trop et avec beaucoup de débordements. Au Canada, par exemple, quand une personne entreprend des recherches ou une thèse de doctorat sur les personnes trans, elle doit répondre à une charte d’éthique — parce qu’elle travaille sur des personnes humaines. Dans ces médias, clairement, ces critères éthiques n’existent pas. Il n’est pas question de « toucher au maître » comme l’écrit L’Humanité (2022) pour commenter la formule d’Hanouna face au député Louis Boyard (un ancien de l’émission) : « Moi je ne crache pas dans la main qui me nourrit. » En mettant beaucoup de distance (vraiment beaucoup), on peut donc dire qu’il est un véritable professionnel des médias, qui adore son job, c’est indéniable, mais il est dépourvu de sens éthique et de responsabilité en tant que journaliste. Par exemple, il a « outé » des anonymes (un jeune gay piégé et mis à la rue par ses parents) comme des personnalités publiques (Angèle ou encore Matthieu Delormeau, un membre de son équipe). Le plus triste, c’est qu’il trouve des personnes pour rentrer dans son jeu. J’ai beaucoup de mal à penser qu’il puisse être différent dans une autre émission.
Enfin, il est important d’avoir en tête que dans une émission-débat ou sur un plateau de télévision, il y a une mise en scène qui est une construction : on vous met dans une position et on vous soumet à des questions bien précises, ce qui laisse peu de place à la spontanéité et à l’authenticité. Souvent, le débat est très dirigé et sortir du cadre est difficile. Si la retransmission n’est pas en direct, il ne faut pas oublier qu’il y a un travail de remontage derrière. Cette mise en scène ne colle pas nécessairement au réel, ou va donner lieu à des généralisations. Et quand on a l’impression que son dispositif est débordé, il en tire encore profit pour offrir du spectacle.
Ce fut le cas dans l’émission où a été invitée l’artiste trans Olivia Ciappa18. Un gynécologue avait refusé de recevoir en consultation une personne trans ; iels en ont fait un débat : « Les gynécologues doivent-ils recevoir les personnes trans ? » Et la chroniqueuse Kelly Vedovelli de surenchérir : « Moi, je ne voudrais pas recevoir des hommes en barbe. » C’est du grand n’importe quoi. Là, évidemment, Olivia Ciappa est sortie de ses gonds. Mais même cette contestation, c’est du spectacle orchestré. Il y aurait vraiment un travail énorme à faire pour étudier comment cette spectacularisation passe par le montage des différentes séquences, le cadrage, etc. Moi, en tant que personne concernée, tout cela me violente. En tant que chercheuse, cela m’interpelle. Mais avant tout, c’est en tant qu’être humain que je trouve cela très choquant.
Est-ce que le succès d’audimat rencontré par les chaînes du groupe Bolloré influence les politiques vis-à-vis des représentations trans sur les autres chaînes de télévision, notamment celles du service public ?
Quand on prend l’exemple de l’émission d’Apolline de Malherbe sur RMC, on retrouve la même absence de contradiction, voire le même encouragement à la propagande, et surtout la même complaisance vis-à-vis de ce que les intervenant·es disent. Par exemple, à propos de la présence de personnes trans dans la HAS (Haute Autorité de santé) qui a rendu un rapport favorable pour les bloqueurs de puberté, Israël Nisand parle de transactivisme — un terme de l’extrême droite américaine — et d’« infiltration » — le mot est vraiment connoté19. Or les personnes qui travaillent à la HAS sont des clinicien·nes, des médecins, des professionnel·les de la santé — et ce sont des personnes trans. Donc ce qu’elles font, selon lui, n’est ni professionnel ni scientifique —ce qu’Apolline de Malherbe valide activement.
M6+, avec un peu plus de respectabilité, dans un registre un peu moins populaire, a proposé une rafale d’émissions — quatre sur une période de deux ans, c’est beaucoup20. Le terme « tabou » est beaucoup revenu depuis les années 1980. Ce qui a changé en revanche, c’est la disparition du terme « transsexuel », au profit de « transgenre », parce qu’iels savent bien que les associations vont monter au créneau. Malgré tout, ces plateaux demeurent un peu voyeuristes. Ypomoni, un collectif de parents « laïc et apolitique rassemblant des parents concernés par l’explosion des transitions médicales et chirurgicales rapides et irréversibles des enfants, adolescents et jeunes adultes21 », affilié à l’Observatoire la petite sirène22. Les mamans étaient invitées à parler des dangers du transactivisme. Un débat a été organisé, selon un dispositif classique : des fauteuils se faisaient face, l’animateur était au milieu. Les personnes trans d’un côté, les autres en face. Les personnes trans étaient assises sur un fauteuil noir ; les expert·es, sur un fauteuil blanc. Il faudrait vraiment pouvoir interroger tous ces dispositifs. Bien sûr, ça ne veut pas dire qu’ils sont tous signifiants. Mais cette mise en scène du face-à-face — des personnes trans face à des personnes neutres et/ou hostiles — montre que le casting n’est pas réalisé au hasard. Par ailleurs, iels sont très vigilant·es à ne pas se laisser infiltrer par des militant·es.
Mais sur le service public, l’exemple le plus flagrant que j’ai en tête est l’émission Quelle époque !, où Léa Salamé est poussée à bout lors d’une altercation entre Marie Cau et Dora Moutot, en octobre 2022. Léa Salamé a fait du Hanouna, car c’était impossible qu’elle ne sache pas que les deux intervenantes allaient s’en prendre l’une à l’autre. Le minimum, pour les personnes qui préparent ces émissions, c’est de se renseigner sur les positions des invité·es. Le seul point positif que je vois à cette affaire, c’est que cela a fait suffisamment de bruit pour que ça ne se reproduise pas.
Avec Bolloré qui détient Hachette, et donc, une grande partie de la production de manuels scolaires, pensez-vous qu’il y ait des risques d’une instrumentalisation transphobe ?
Je pense que oui, c’est indéniable, même si je ne peux faire que des hypothèses sur les types de discours que l’on pourrait retrouver. Ce que je retiens comme possibilité qui accélérerait cette instrumentalisation, c’est la dislocation : quand Bolloré arrive quelque part, il vire les personnes critiques ou qui l’ont critiqué, il les remplace. Il n’est qu’à regarder ce qui s’est passé avec Fayard. Un temps, Lise Boëll (alors directrice des Éditions Plon et éditrice de Zemmour) est pressentie pour remplacer Isabelle Saporta à la tête de Fayard (début 2024). Saporta sera licenciée au mois de mars 2024 et la nomination de Boëll donnera lieu à des spéculations avant son arrivée à la tête des éditions Fayard, deux mois plus tard. Bolloré fait du Trump finalement. C’est ainsi que paraissent les « Mémoires » du très vieux Jordan Bardella. La même chose se passe dans l’audiovisuel. Je pense notamment aux Guignols de l’info : Bolloré a fait le ménage à Canal+, c’est ce qu’il a fait à Valeurs actuelles, et il est en train de faire la même chose à Hachette. Je trouve cela particulièrement inquiétant de faire venir des gens qui ont des liens avec l’extrême droite ou avec des mouvements ultraconservateurs. Or le réseau qu’entretient Bolloré est impressionnant. Il ne se contente plus seulement de la France, il va jusqu’à s’étendre à l’étranger ou prendre les rênes de médias dans différents pays et continents (le groupe Vivendi est aussi présent en Europe de l’Est comme en Afrique). Il a vraiment l’envergure d’un magnat des médias comme Rupert Murdoch23.
Comment imaginer des alternatives plus justes et inclusives pour les médias ?
D’abord, il ne faut pas baisser les bras ! Je trouve qu’il y a un déficit de résistance, que les médias baissent trop la culotte devant Bolloré. Il faut continuer à faire ce que l’on fait, même si c’est dur, même si on sait que l’on va en faire les frais plus tard. J’ai été parfois critique envers Quotidien, sur TMC, mais cependant je salue leur travail quand iels parodient les drama queens de CNews : iels savent rester critiques et percutant·es tout en étant capables de relever leurs propres contradictions.
Ensuite, il ne faut pas céder sur le lexique. Je reproche à beaucoup de médias d’avoir cédé, usant finalement d’une rhétorique anti-trans, reprenant le lexique de l’extrême droite américaine, comme « transactivisme », « transidentifier » ou encore « lobby trans » — sans même mettre de guillemets ! On le voit avec le terme « woke », qui a connu une dérive et une récupération très rapide. Désormais extrêmement péjoratif, son emploi vaut pour disqualification et injure. Mais les choses peuvent changer ! À force du travail vigilant et persévérant d’associations, les médias ont bien fini par abandonner la terminologie médicale pathologisante. Le service public est aujourd’hui irréprochable sur cette question. Il ne faut rien lâcher.
Il ne faut pas non plus céder à la menace, car c’est renoncer à soi-même. Or un média, c’est une identité culturelle. Cela m’a fait extrêmement mal quand j’ai découvert le portait de Caroline Eliacheff en une de la rubrique « Portraits » de Libération24, très glamourisant suivant beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux (une impression que je partage). Marianne ou Le Figaro j’aurais compris, mais Libération ! Je sais que cela a causé de gros débats en interne, et si le journal avait continué sur cette lancée, j’aurais vu cela comme un reniement. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec la une sur « Le délire transgenre » de Valeurs actuelles25, mais cela me pose question. Quand des discours sont discriminants, violents, quand ils rabaissent et déshumanisent, jusqu’où, au nom de la liberté d’expression, doit-on les laisser s’exprimer ?
Pouvez-vous nous partager des ressources à vos yeux essentielles pour penser tout cela ?
Sur la question des mineur·es, qui a été surexploitée (par les discours anti-trans, par l’extrême droite et par les médias Bolloré), je recommande la plateforme d’information et d’orientation Trajectoires jeunes trans : on y trouve un accompagnement, une écoute bienveillante et professionnelle, un encadrement avec des professionnel·les de la santé.
Du côté des livres, je recommande ceux d’Emmanuel Beaubatie, Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre (éditions La Découverte, 2021), ceux de Pauline Clochec, Matérialisme trans, paru sous sa direction et celle de Noémie Grunenwald (éditions Hystériques & AssociéEs, 2021) et aussi Après l’identité. Transitude et féminisme (éditions Hystériques & AssociéEs, 2023) ou encore Le lobby transphobe de Maud Royer (éditions Textuel, 2024). Je me permets également de signaler le livre que nous avons publié avec Maud-Yeuse Thomas, Transidentité et transitude : se défaire des idées reçues (éditions Le Cavalier Bleu, 2022). Il a été écrit à destination d’un public non trans, désireux de s’intéresser à ces questions. Il a reçu un piètre accueil médiatique ; à ce moment-là, je me suis vraiment sentie blacklistée. À l’inverse, l’ouvrage de Claude Habib, La question trans (Gallimard, 2021) a très bonne presse, bien qu’il me semble moins intéressant que ceux que je viens de citer du point de vue critique. Désormais, pourtant, on la considère comme une spécialiste. Je voudrais également mentionner sur Mediapart le blog de Claire Vandendriessche, co-présidente du ReST (reseausantetrans.fr). Très sourcés, ses articles sont une véritable mine d’or d’informations !
Surtout, je voudrais rappeler qu’il faut faire la démarche de ne pas se contenter de ce qui arrive jusqu’à nous, notamment dans les productions audiovisuelles. On peut accuser les médias, mais notre attitude à nous compte. Il nous faut aller chercher l’information.
- Créée par Thomas Perrier et Fabienne Lesieur, réalisée par Arnauld Mecardier, diffusée sur TF1 en 2017. ↩
- Décret nº 2017-890 du 6 mai 2017 relatif à l’état civil. ↩
- Sandy Stone, « The Empire Strikes Back: A Posttranssexual Manifesto », dans Julia Epstein et Kristina Straub (éd.), Body Guards: The Cultural Politics of Gender Ambiguity, Londres, New York, Routledge, 1991 (traduction française : « L’Empire contre-attaque : un manifeste posttranssexuel », Comment s’en sortir ?, nº 2, 2015). ↩
- Par exemple : Pauline Arrighi, « Trans : suffit-il de s’autoproclamer femme pour pouvoir exiger d’être considéré comme telle ? », Marianne, 17/02/2020. ↩
- Janice Raymond, The Transsexual Empire: The Making of the She-Male, Boston, Beacon Press, 1979 (traduction française : L’Empire transsexuel, Paris, Le Partage, 2022). Sandy Stone écrit d’abord son manifeste en réaction à ce livre. ↩
- Voir leur site : https://tradfem.wordpress.com/category/plateforme/ ↩
- Ce lexique a été repris sans recul par les médias français et surtout par les médias de Bolloré (CNews particulièrement. À l’opposé, le service public (France Télévisions) n’utilise jamais ce vocabulaire. ↩
- Conférence « De l’antiracisme à Égalité & Réconciliation », Alain Soral, Farida Belghoul, Mathias Cardet, 22 juin 2013 au théâtre de la Main d’Or. ↩
- Mathilde Mathieu et David Perrotin, série « Mineurs trans : la fabrique d’une panique », quatre épisodes, Mediapart, mai 2024. ↩
- « Jean-Michel Aphatie mis en retrait de l’antenne de RTL après sa comparaison entre Oradour-sur-Glane et les massacres en Algérie », Libération, 05/03/2025, disponible sur : https://www.liberation.fr/economie/medias/jean-michel-aphatie-mis-en-retrait-de-lantenne-de-rtl-apres-sa-comparaison-entre-oradour-sur-glane-et-les-massacres-en-algerie-20250305_USWGL5YVRFAR7JDHBAH6DIKETU/ ↩
- Par exemple, avec des séries comme Euphoria (depuis 2019), Sense8 (2015–2017), Star Trek: Discovery (2017–2024), Supergirl (depuis 2015), Pose (2018–2021) ou encore Umbrella Academy (2019–2024). ↩
- Christine Boutin, « On est envahis de gays », Le Monde, 27/05/2013, disponible sur : https://www.lemonde.fr/societe/article/2013/05/27/christine-boutin-on-est-envahis-de-gays_3418318_3224.html ↩
- Frédéric Joignot, « “Pussy” entre en politique », Le Monde, 12/01/2019, disponible sur : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/12/pussy-entre-en-politique_5408212_3232.html ↩
- Émission « Miss France : une candidate transgenre se présente pour la première fois », Touche pas à mon poste !, C8, mai 2022. ↩
- Émissions « Nina, femme trans et Jérémy, témoignent de leur amour dans TPMP ! », avril 2023 ; « Nina, femme transgenre, revient sur le documentaire polémique de Zone interdite ! », mai 2023, Touche pas à mon poste !, C8. ↩
- D’autres exemples d’émissions : « Le nouvel emoji “homme enceint” fait polémique ! », Touche pas à mon poste !, janvier 2022 ; « L’actrice transgenre Karla Sofia Gascon primée à Cannes porte plainte contre Marion Maréchal », mai 2024. ↩
- « Athlètes transgenres féminines et sport d’élite : examen scientifique », Centre canadien pour l’éthique dans le sport, rapport de 2021, disponible sur : https://cces.ca/fr/athletes-transgenres-feminines-et-sport-delite-examen-scientifique ↩
- « Il est Elle », Touche pas à mon poste !, C8, septembre 2023. ↩
- « La transition de genre gratuite dès 16 ans ? », Le parti-pris, 13/12/2024, disponible sur : https://rmc.bfmtv.com/replay-emissions/apolline-matin/le-parti-pris-la-transition-de-genre-gratuite-des-16-ans-13-12_EN-202412130276.html ↩
- « Fille ou garçon ? Le dilemme des transgenres » (2017) ; « Trans — uniques en leur genre » (2022) ; « En transition de genre » (2022) ; « Transgenres : enquête sur les nouveaux tabous » (2023), M6+. ↩
- Voir leur site : https://ypomoni.org/qui_sommes_nous/. Il faut préciser que cette structure est l’émanation de l’organisation internationale Genspect (https://genspect.org/), dont des audioleaks du directeur ont dévoilé des volontés de pratique de thérapies de conversion (https://healthliberationnow.com/2022/04/02/leaked-audio-confirms-genspect-director-as-anti-trans-conversion-therapist-targeting-youth/). ↩
- « Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent, Centres d’études de ressources et d’information francophone. La transidentification des mineurs (ASP : Angoisse de Sexuation Pubertaire) est le premier sujet d’étude », voir leur site : https://www.observatoirepetitesirene.org ↩
- Magnat des médias australo-américain, proche des Républicains et des ultraconservateurs, et dont les médias à travers le monde (The Sun, The Times, Talk TV, Sky News Australia, The Daily Telegraph, Fox News, parmi plus d’une centaine) portent des idées jugées ultraconservatrices. ↩
- Ève Szeftel, « Caroline Eliacheff, du genre tenace », Libération, 15/01/2023, disponible sur : https://www.liberation.fr/portraits/caroline-eliacheff-du-genre-tenace-20230116_PHDPNUMXOBFRPOQCVG2RFEMJ6A/ En contrepoint, lire aussi : Adrien Naselli, « Polémique/ Qui “annule” qui dans le débat sur la prise en charge des mineurs trans ? », Libération, 25 décembre 2022, disponible sur : https://www.liberation.fr/idees-et-debats/qui-annule-qui-dans-le-debat-sur-la-prise-en-charge-des-mineurs-trans-20221225_3LQTRPN4ARBNPAN4JFMDNOWWYU/ ↩
- « Le délire transgenre. Comment les lobbies instrumentalisent le changement de sexe », Valeurs actuelles, 27/06/2021. ↩
Pour citer cette contribution :
- « Entretien avec Karine Solene Espineira », Karine Solene Espineira, dans Déborder Bolloré, ouvrage collectif, coédition collective, CC BY–NC–ND, 2025.
Ou alors :
- « Entretien avec Karine Solene Espineira », Karine Solene Espineira dans Déborder Bolloré, Alexandre Balcaen, Amzat Boukari-Yabara, Soazic Courbet, Thierry Discepolo, Karine Solene Espineira, Arnaud Frossard, Tristan Garcia, Bakonet Jackonet, Danièle Kergoat, LABo (Libraires Anti-Bolloré), Clara Laspalas, Jérôme LeGlatin, Le comité éditorial des éditions du bout de la ville, Les Soulèvements de la terre, Florent Massot, Jean-Yves Mollier, Pascale Obolo, Clara Pacotte, Antoine Pecqueur, Valentine Robert Gilabert, Charles Sarraut, Julie Wargon, coédition collective, CC BY–NC–ND, 2025.
Ont travaillé à la production de la publication multiformat Déborder Bolloré : Adrien, Arnaud, Alaric, Arnaud, Benny, Camille, Clara, Coralie, Éléonore, Emmanuel, Jérôme, Johan, Julie, Léna, Merlin, Nicolas, Pascale, Quentin, Rodhlann, Théo, Yann et Zoé.